Ron Cahlili: «En Israël, les juifs français sont renvoyés à leur “arabité”»

Ron Cahlili: Car le mot mizrahim a mis dans le même sac – et un sac peu enviable ! – l’intellectuel du Caire, le bourgeois de Bagdad, l’érudit de Casablanca ou l’orfèvre de Sanaa pour les réduire en un seul archétype : le juif ignorant, vulgaire, parasite, sans idéologie et sans passé. Qui a besoin d’être réhabilité et assisté, pour qui il faut créer des villes propres, appelées alors «villes de développement», des écoles de catégorie inférieure consacrées essentiellement à la formation professionnelle les destinant au travail en usines. A ce jour, il reste un énorme écart entre les mizrahim et les Ashkénazes, dans presque tous les domaines : l’éducation, les salaires, l’emploi, la représentativité, les zones d’habitation, etc. Ce n’est plus aussi net que dans les années 50, mais les écarts sont là. Pour une personne au nom à connotation mizrahi – comme Azoulay ou Elmaleh – qui bénéficierait en France d’une relative égalité des chances, il serait très difficile de trouver un emploi convenable en Israël, d’être admis dans une grande université ou dans une unité d’élite de l’armée. Israël n’est pas seulement raciste envers les Arabes, il l’est aussi envers les juifs mizrahi. Pour l’élite juive, il n’y a pas de grande différence entre les deux groupes. En Israël, il existe une psychose terrible envers «l’arabité». Cette psychose est tellement pathologique qu’elle permet à l’Israël moderne de fouiller la génétique des immigrés venus de France pour y chercher des restes d’«arabisme» : «Vous êtes français ? Attendez, où est né votre grand-père ?» En Israël, dès lors qu’on se rend compte que vos grands-parents sont nés en Afrique du Nord, on vous catégorise immédiatement comme mizrahi. Les juifs immigrés français sont renvoyés à leur “arabité”. More here.

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