Deux faces d’une seule et même réalité, donc. Et qui se font echo, femmes et immigrés étant deux populations souvent regardées comme simplement inférieures, moins capables de volonté, moins «éduquées» que les blancs non-immigrés, et qui écopent toutes deux de remarques infantilisantes. «Je ne compte plus le nombre de fois où les gens me disent “tu t’es mariée avec un arabe” pour expliquer pourquoi je porte un voile, comme si je n’avais pas la capacité à prendre la décision moi-même», affirme Elsa Ray.
Ce regard sur les femmes des quartiers qui seraient nécessairement sans capacité d’analyse et de décision propres, des «femmes-enfants», a été analysée par Christine Delphy, dans «Antisexisme ou antiracisme? Un faux dilemme». Il a été révélé et renforcé par les discours sur le foulard qui ont fait irruption en 2004, où les adversaires de la loi sur les signes religieux ont été nombreux à prétendre que les femmes devaient tout simplement fuir leurs quartiers:
«Le seul point commun à ces “raisons” diverses, souvent contradictoires entre elles et avec leurs objectifs affichés, réside dans le regard porté sur les Françaises d’origine immigrée, un regard qui les construit comme des êtres incapables de discerner le vrai du faux, le bon du mauvais: une population d’enfants qui ne peuvent que “se tromper”. Des enfants à la place desquels on doit décider, pour leur bien; plus: imposer cette décision par la contrainte s’il le faut. Que des politiciens aient cette attitude n’étonne pas. Mais comment des féministes qui dénoncent le paternalisme des hommes peuvent-elles ne pas voir que la même logique est à l’œuvre dans la prétention à “sauver” des femmes malgré elles et contre leur gré?».
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